- philosophique
- scientifique
- théologique
* "Le bien dans la nature" au menu 3 "Initiation à la philosophie réaliste"Thomas d'Aquin semble hésiter entre deux positions : celle totalement fixiste de st Jérôme, et celle que nous pourrions qualifier de "pré-évolutionniste" de st Augustin et ses "raisons séminales". Une vision thomiste de l'évolution devrait respecter plusieurs principes, qui sont généralement niés par les biologistes actuellement :
* l'article "Hasard, nécessité, finalité" au menu 9 "articles de philosophie thomiste".
* le cours sur la personne humaine, leçon 2 "La personne humaine, un être vivant", au menu 10 "E_Studium Thomas d'Aquin".
* la recension de la Revue Thomiste I-2002 "Emergence de l'homme" menu 8 "Actualité de Thomas d'Aquin" sous-menu "revues".
1. Antériorité chronologique et ontologique de la nécessité (et donc de la finalité ou "téléonomie") sur le hasard. Ce dernier vient se greffer sur la première. Pour la plupart des savants, c'est le contraire. Un hasard primordial est à l'origine de tout (cf. Jacob, Jay-Gould, etc.)Moyennant ce respect des principes, on est en droit de penser qu'une vision évolutionniste de la vie est plus en phase avec la pensée thomiste qu'une vision fixiste. Elle offre plus de complexité, plus de richesse, plus de perfection et de perfectibilité, plus de finalité. Elle est en accord avec la vision de la hiérarchie graduelle de perfection des êtres dans la nature (et même des réalités purement spirituelles) sans qu'aucun échelon ne soit oublié, selon le principe que "l'être le plus perfectionné d'un ordre inférieur touche presque l'être le moins perfectionné d'un ordre supérieur" (il est vrai que ce même principe pourrait être invoqué pour la défense d'une position fixiste - rien n'est simple !)
2. Antériorité chronologique et ontologique de l'acte sur la puissance. La poule avant l’œuf ! Là encore la science tient généralement pour le contraire. L'acte de vie a brutalement et spontanément surgi d'un milieu potentiellement biotique. Cette priorité de l'acte donnerait en partie raison à des créationnistes non-fixistes.
3. Différence irréductible entre la vie biologique et la vie de l'esprit. A nouveau, la science (?) ignore totalement l' "exception spirituelle". Pour Changeux et consort, la pensée est toujours, comme disait Marx, une sécrétion cérébrale. Déjà Monod avait posé l'a priori matérialiste comme point de départ nécessaire de la science. Là se jouent les limites de l'Evolution et le sort de l'homme. L'âme humaine ne peut en aucun cas être entièrement l'émergence d'une animalité arrivée au terme d'un processus d'évolution. Celui-ci ne pourrait aller que jusqu'à la pénultième disposition du corps animal de l'homme. Son ultime disposition à recevoir l'âme spirituelle est nécessairement l’œuvre d'un esprit.
4. Il faudrait enfin montrer comment le principe spirituel transfigure chez l'homme le principe matériel, de sorte que si l'homme est bien un animal, il n'est en aucun cas un animal "comme les autres".
- Il est métaphysiquement et rigoureusement impossible de passer d’une espèce philosophique à une autre, autrement dit, il est impossible d’imaginer qu’une substance vraiment vivante trouve son origine dans un arrangement fortuit des forces minérales ; de même, des agents dotés de vie végétative ne peuvent pas produire un être doté de vie animale.
- A l’intérieur d’une même espèce philosophique, si des changements peuvent se produire, ce que nous ne contestons pas, ce sera uniquement de manière accidentelle. Il me semble donc impossible que ces changements se produisent de manière constante et tendent au fur et à mesure à se complexifier. Sinon, nous remettrions en cause le principe établi plus haut et qui veut qu’un être ne puisse pas se changer naturellement en une autre chose et donc détruire non seulement sa subsistance, mais son essence. Le désir naturel inhérent à une essence n'inclinera JAMAIS cette essence à se détruire.
- empirique : il s’agit d’expliquer la génération spontanée : Augustin pensait que des marais pouvaient naître les vers, les insectes, les amphibiens, etc.
- théologique : Augustin s’appuyant sur le texte de l’Ecclésiaste (18 :1) a pensé que Dieu a tout créé en un instant.
- philosophique : les nombres néoplatoniciens. (cf. Gilson, op. cit., pp. 270-271)
a) Pierre ne connaît pas le latin. Son intelligence est en puissance d’apprendre le latin, s’il décide de l’apprendre. Dans ce cas, nous avons affaire à une puissance naturelle, car le passage de la puissance à l’acte aura lieu sous l’effet d’un agent naturel.
b) Dieu peut décider de faire apparaître un singe « ex nihilo ». Dans ce cas, le singe n’est tiré d’aucune puissance. On parle alors de création.
c) Dieu peut également décider de faire apparaître le même singe à partir d’un bloc de pierre. La matière prime de ce bloc de pierre est, d’une certaine manière, en puissance d’être transformée en singe. En soi, en effet, cette possibilité ne renferme aucune contradiction. Cependant aucun agent naturel ne peut réaliser une telle transformation, seul Dieu peut le faire. Dans ce cas, on parle de puissance obédientielle. On pourrait donner d’autres exemples, comme le fait pour le pain d’être transsubstantié en corps du Christ.
a) de la puissance naturelle, par développement homogène (développement de l’embryon );
b) de la puissance obédientielle, par développement hétérogène (deux êtres se rencontrent par hasard et donnent naissance à un troisième êtres doué de propriétés irréductibles aux deux organismes de départ, des substances inférieures deviennent des substances supérieures, ce qui est contraire à leur appétit naturel, qui est de se conserver dans leur être : «Chez les êtres inanimés la contingence de la causalité naît de leur imperfection et de leur déficience. Par leur nature ils sont déterminés à un unique effet ; ils le produisent toujours à moins que ne surgisse un empêchement dont la cause est à chercher soit dans la faiblesse de leur virtualité, soit dans une intervention étrangère, soit dans une absence de préparation de la matière ; pour cette raison les causes actives naturelles sont unilatérales ; elles sont ordinairement constantes dans la production de leur effet ; elles échouent rarement. » (SCG III, 73 )
c) de la puissance ni naturelle ni obédientielle de la matière, par actuation successive du moins parfait au plus parfait (la matière acquiert son ultime qui est l’âme humaine par infusion de celle-ci effectuée par Dieu ) (SCG III, 22)
1) Nous ne pouvons pas démontrer qu’une telle actuation est impossible. Je vous le concède.
2) Nous ne pouvons pas démontrer qu’elle est nécessaire. Là, je pense que vous me concéderez ce point.
3) Nous pourrions (au conditionnel) démontrer qu’elle a eu lieu. Ici ce n’est pas aux philosophes de le faire, mais aux partisans de l’évolutionnisme. Pour ma part, comme je vous l’ai déjà écrit, les explications fournies par les partisans du transformisme et les preuves ne me convainquent pas.
4) Nous pouvons essayer de démontrer sa convenance ou son inconvenance. Or
a) Il n'y a pas de puissance naturelle dans le singe à devenir homme
b) Il y a dans la matière du singe un certain appétit naturel inné, mais « remotus », à être informé par une âme humaine
c)La forme du singe est un peu plus proche de la forme de l'homme que celle de la fourmi, mais il n'y a pas moins un abîme entre elles : on peut même dire que la distance qui sépare l'homme du singe est plus grande que celle qui sépare le singe de la fourmi : l’homme est capax Dei, ce qui n’est pas le cas du singe, ni de la fourmi.
d)Le singe est-il disposé à recevoir, en raison de sa proximité avec l’homme et étant donné qu’il est animé avec une forme relativement parfaite, à recevoir un âme humaine ? A vrai dire, je n’en sais rien. C’est probablement ici que nous nous séparons, parce que pour ma part, je trouve cette idée un peu répugnante…